Extrait du conte

Il était une fois, dans un pays reculé, un prince qui avait la réputation d’être magnifique et magnanime. Il recevait du fin fond de son royaume de multiples lettres qui vantaient sa magnificence affable.

Malheureusement sa réputation ne restait qu’une rumeur car ce prince, bien que charitable, était fort vilain.

Une odieuse sorcière avait jeté un sort maléfique sur sa plastique et, malgré sa machiavélique intention, le prince avait gardé en ses yeux une étincelle de beauté.

Le roi alors avait convoqué le conseil des fées, tout en pleurs d’avoir, dans le berceau impérial, un enfant qui, à cause d’une seule personne acharnée, en avait fait un monstre.

- Ne vous inquiétez pas, sire, dit la première fée, votre fils sera l’écrin du royaume. Malgré sa vilainie, nombres seront ceux qui le trouveront agréable, j’en jette mon sort.

- Mais Miladys regardez donc ses mains, chacun de ses doigts est différent, pas un qui ait la même forme.

- Majesté, dit la seconde fée, certes ses mains seront uniques parmi tous vos sujets. Toutefois, il sera habile de ses doigts et en étonnera plus d’un dans votre royaume et de ses mains sortiront les joyaux de l’empire, j’en jette mon sort.

- Mais mesdames, regardez donc ses pieds, les orangs-outangs dans leurs zoos, peuvent en pavoiser des meilleurs.

- Que votre altesse n’en fasse pas cas, dit la troisième fée, nul ne saurait remarquer un tel défaut, tout au plus, il boitera légèrement et à moins de le dénuder, quiconque ne le saura, il sera dégourdi de ses pieds, j’en jette mon sort.

- Vous n’imaginez donc pas le pire, regardez donc, point de dents nombreuses, une lèvre infâme et une langue courtaude, mon fils ne saurait parler, dit le monarque en pleurs.

- Votre Excellence, certes votre fils a une langue bifide et réduite mais je vous rassure, il saura parler, affirma la quatrième fée. Je lui donne une voix sensible, juste et singulière j’en jette mon sort !

- Mes chères amies, cher peuple venant de la forêt de derrière les montagnes. Je vous sais gré de ce que vous faites pour mon fils, mais…

- Qu'il-y-a-t-il donc votre grandeur, s’enquit la cinquième fée ?

- Point charmant il ne sera pour une noce. Que vaudra-t-il d’être l’ami de tous s’il n’y en a aucun qui voudra être le sien ? Lequel d’entre tous osera se lier corps et âme à mon fils et que mon fils trouvera agréable à ses yeux ?

- Ne soyez pas affligé votre honneur répondit-elle. le sort ne peut être levé mais celles qui parmi les personnes auront un courage sincère et pur, doté d’assez de charmes, pourront atteindre votre fils impérial. Car votre fils est comme une étoile cachée dans une grotte et les étoiles ne se voient que dans l’ombre. Je n’ai pas jeté mon sort, mais son étoile sera bonne.

- Mais… mais… il sera intelligent ?

- Ne vous alarmez pas, Monseigneur, votre fils saura aborder tous les sujets et saura s’intéresser à toutes les conversations, j’en jette mon sort, affirma la sixième fée.

- Et vous, reine des fées, qu’offrez-vous de plus a mon fils en ce jour néfaste ?

- Je n’offre rien, annonça la septième fée.

- Vous n’offrez rien ? Mais ne devez-vous pas au moins valider les sorts de vos consoeurs ?

- Pas le moins du monde, sire. Je ne lui offre rien, mais je lui prête ma présence, car je ne saurai le quitter. Je le guiderai dans les sept sens sacrés. Je serai là, je mettrai sur sa route des anges qui le consoleront des sots. Je serai la lumière dans ses yeux, l’âme dans son cœur et la force dans son âme. Je lui apprendrai qu’être un homme ce n’est pas forcément être fort et qu’un homme peut pleurer. Je lui apprendrai qu’on peut aimer, tout en étant différent et que l’amour n’est pas une chose exclusive mais une chose fragile. Je lui apprendrai que la méchanceté peut aussi se cacher parmi d’autres princes dits charmants et que l’orgueil et le mépris sont la pire des choses à redouter. Je lui apprendrai qu’il est beau et bon d’être ce qu’il est car il est unique, il est aimable et que seuls les sots ne le sont pas.

Le prince était fort bon à défaut d’être dans le paraître...